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 Libre

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AuteurMessage
Salma
Apprenti BGSTU
Salma


Nombre de messages : 19
Localisation : quelque part sur la planète
Date d'inscription : 03/03/2005

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MessageSujet: Libre   Libre EmptySam 28 Mai à 13:04

« Assez d’attendre. Le temps m’est dérobé. La vie m’échappe et je ne fais rien pour me battre contre cela.
Je hurle le mieux possible. Personne ne m’écoute. La religion de l’Indifférence…très peu d’athées.
Une fois j’ai fait une crise empilepsie... Personne n’a daigné sourciller. D’ailleurs vous n’avez point idée de ce que cela peut être alors, chastes, je vais vous tacher de mes chimériques et blêmes pathologies de l’âme. L’empilepsie est un état d’empilement exagéré d’angoisse, de révoltes, de nausée(celle de Jean-Paul, pas le fréquent dysfonctionnement organique) avec des tremblements, des larmes de bile noire tout cela intérieurement. Quelle belle définition encyclopédique. Jamais vous n’y avez été sensible pourtant ce riche mélange est d’un corrosif étonnant.
C’est à cause et grâce à cette crise que je suis sorti hors de moi. Et je vous ai vu tous de haut de bas, sur tous les angles, intérieurement aussi(d’ailleurs rien de pis, je crois,vous êtes d’un identique esthétique désopilant »

L’on m’arrache cette feuille, le crayon tombe. Je le ramasse. Je regarde celui qui lit et qui crie qu’il n’y comprend rien, que je suis fou et dangereux pour la société. Il souille la feuille, la jette, m’insulte.
Je compte si à 10 il n’a pas fini de m’injurier j’ai la clé du paradis, de l’enfer et du purgatoire.
1…
2…
3…
4…
5…
6…
7…
Je me jette sur lui, je frappe de toute ma haine. J’imagine que c’est lui. Je frappe encore plus fort il faiblit, je souhaite qu’il se défende.Il me conjure d’arrêter. Je ne peux plus. C’est trop tard pour lui comme pour moi. J’ai les poings écarlates. Une odeur de viande fraîche l’imprègne. Personne ne daigne sourciller. Je souris de satisfaction car je sais que j’ai très bien choisi. J’exulte en entendant courir ses amis à son secours. La haine a décuplé mes forces, je suis la teigne qu’il a toujours vue en moi. Je suis le mal, l’erreur. Quatre se sont joint à mon envol. A mon tour de faiblir. La bile a recouvert mes yeux.


Je me réveille. Il fait entièrement blanc. Seul autour de quantité de tuyaux, de machines inconnues. Vivant car je n’ai pas peur.
J’attends.
Une femme arrive, en blanc elle est laide. Surtout quand elle sourit. Elle me demande si j’ai faim. Non. Elle rétorque qu’elle appelle les médecins.

Les médecins arrivent, encore plus laides. Je suis une force de la nature, j’ai survécu à mes blessures. L’un d’entre eux reste. Elle me demande de quoi je me souviens. Je lui raconte.
Elle mord ses lèvres et me demande si c’est tout.

Je me porte bien. Mais je ne suis pas entier. Je ne sens pas de douleur. Je ne me reconnais plus, j’en suis presque heureux. Je pense à ma mère .Combien de temps suis-je ici ?
Ai-je la clé ? Je la cherche.
J’attends, j’ai l’habitude.

Je fais semblant de dormir pour que l’on ne me pose pas de questions. J’écoute ce que l’on
ourdit sur mon compte. J’apprends que cela fait deux ans presque que je batifole avec Morphée, que j’ai été un modèle d’expérimentations remarquable, j’étais un miroir brisé. Mais on n’est pas arrivé à recoller « des morceaux très importants »(aux yeux de la société et surtout de mon très cher Sigmund )mais honnêtement je n’y songeais point. L ’éventuelle perte de ma si précieuse clé m’accaparait. Je n’étais peut être sorti de l’enfer que furtivement. Mais les voix continuaient, l’une d’entre elles envisageait l’amnésie. Un choc pareil, une barbarie telle…je suis un miraculé. Justement, heureusement que je ne me souvenais pas de ce qu’elle appelle barbarie.
Je l’envisage toutefois assez bien en constatant les stigmates. Mes cinq libérateurs n’avaient pas les instruments nécessaires lors du corps à corps.

Je n’ai pas le temps de penser plus. J’entends ma mère. Elle est avec lui. La clé !Je la retrouve !

Ma mère sort, elle pleure. Il lui ordonne d’arrêter. Je ne méritais pas son chagrin, j’ai prouvé que j’étais encore plus mauvais qu’il ne le pensait. Il a honte que son sang coule dans mes veines. Et en plus, j’étais fou et handicapé et plus de virilité.
Il me hait encore plus mais il ne peut me haïr plus que moi. Elle continue à gémir. Il saura la calmer : je ne connais pas meilleur homéopathe. Soigner le mal par le mal. Trois ou quatre vigoureux soufflets et elle arrêtera de pleurer parce que j’ai tout oublié et surtout elle.

Je n’ai jamais été aussi heureux. Dans cette chambre blanche, avec des lys blancs. Pas de cris, pas de reproches. Un défilé sempiternel de personnel soignant à une fréquence déstabilisante et à la laideur tout aussi constante.
Ma mère n’avait pas renoncé à me voir dès qu’elle le pouvait. Mon père était furieux car je suis définitivement un fardeau : au lieu de les sortir de la misère je les y laissais et en plus je n’avais aucun avenir, je ne pourrais jamais perpétuer cette si noble famille, transmettre ce si précieux héritage sanguin. Pis ! Je ne pourrais même plus sauver les apparences.
N’y a t’il plus avilissante chose que la perte de son sexe ?
Je souris. Il m’a tant gâché la vie que le plus avilissant pour moi est d’avoir de la chair en commun avec lui.

Je suis serein, je suis au purgatoire. C’est pour cela que je n’ai jamais été aussi heureux. Quoi de plus naturel après la sortie des enfers ? Je sers contre moi la clé, peut être trouverais-je la serrure du paradis ?

Au fil des jours, la clé s’alourdit, peut être est ce pour cela que je mets tant de temps à réapprendre à marcher ?Au grand dam des médecins. Ils n’ont plus d’idées d’opérations à essayer.
Etant donné le malheureux état amnésique où je me trouvais, il n’était pas question que je retourne vivre chez mes parents, je devais avoir un suivi psychiatrique poussé donc j’allais séjourner dans un hospice adapté.

Ma mère était effondrée, mon père ne venait plus et d’après les bribes d’informations que j’ai pu saisir au vol, il cherchait un moyen de ne plus avoir à m’assumer :pas les ressources nécessaires et de toutes façons je ne pouvais plus être son fils. D’une part je ne suis plus un homme, d’autre part, je ne me souviens de rien.
C’est exactement cela que je voulais quand j’ai agi :Ne plus exister pour lui. Ne plus être son objet, son bien.

Les jours se suivent, je commence à m’ennuyer, cela fait plus d’un an maintenant ;je vais bientôt rejoindre les aliénés, et je ne trouve toujours pas la serrure.
Je peux marcher, mais ma virilité est toujours aussi malade.
Je m’en moque. Pour l’instant.
Je pense.
Une jeune femme rentre, avec plein d’infirmières que je connais déjà. Elle porte très mal la blouse blanche, on l’aurait dit travestie.
Je sais qu’elle va changer ma vie.
C’est une étudiante en médecine qui effectue son stage de soins fondamentaux.
Elle doit changer mon pansement. Je refuse. C’est la première fois. L’on insiste, je refuse plus vivement.
L’on est stupéfait. Et déçus.
Dans le service, mes meurtrissures sont légendaires on parle souvent de cela. Je le savais et jusque là, j’y étais complètement indifférent. Quelle bassesse de s’en effrayer.
Mais pas elle, je ne supporterais pas qu’elle voie cela.
Elle a du mal à dissimuler son profond soulagement, et me jette même une œillade de reconnaissance.
Elle s’appelle Marie.
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